2 octobre 2025
Un an et demi après avoir alerté sur le financement des cigarettiers par les établissements financiers français, l’ACT-Alliance contre le tabac révèle, dans un rapport commandé à l’organisme d’investigation Profundo, que nos institutions continuent d’alimenter et de miser sur ce commerce mortifère : à date, on compte près de 2,8 milliards de dollars investis dans les géants du tabac, soit une augmentation de + 280 % depuis novembre 2023.
Alors qu’ils s’étaient engagés publiquement à cesser tout financement de cette industrie, le Crédit Agricole, la Société Générale, BNP Paribas ou encore le Groupe BPCE sont devenus les principaux soutiens financiers d’un commerce qui tue un consommateur sur deux.
Face à ce constat, l’ACT interpelle les instances de régulation des marchés financiers pour qu’elles sanctionnent les pratiques trompeuses de ces établissements.
En mars 2024, l’industrie du tabac continuait de bénéficier d’un soutien financier important de la part d’établissements français, que ce soit à travers des crédits accordés (5 milliards d’euros depuis 2018) ou à travers des investissements (733 millions de dollars en 2023).
Si en 2025, les institutions françaises ont cessé d’accorder des crédits aux cigarettiers, le désengagement financier est loin d’être une réalité. En effet, ces établissements ont largement augmenté leurs investissements puisqu’on compte aujourd’hui près de 2,8 milliards de dollars de titres boursiers détenus par ces acteurs ; soit une augmentation de + 280 % par rapport à novembre 2023.
Des investissements qui profitent en priorité à Philip Morris International (1,4 milliard de dollars) et à British American Tobacco (860 millions) ; suivis d’Imperial Brands (441 millions) et de Japan Tobacco International (89 millions).
Si la hausse de l’appréciation des cours des actions des cigarettiers peut en partie justifier ce phénomène (+ 89 % pour PMI entre novembre 2023 et mai 2025, + 64 % pour Imperial Brand et + 41 % pour BAT), c’est avant tout l’achat de nouvelles actions par les institutions financières qui explique une telle hausse.
En mettant sur le marché de nouveaux produits présentés comme étant prétendument « à risques réduits » les cigarettiers ont réussi à retrouver grâce aux yeux des marchés financiers. En avril 2025, Investing.com conseillait à ses lecteurs d’acheter une action de PMI « grâce à la forte croissance de ses produits sans fumée et à un rapport sur les bénéfices prometteurs ». Un mois plus tard, Les Echos Investir assurait à son audience que « L'amateur de gros dividendes en trouvera chez BAT ».
Au cours des derniers mois, les institutions financières françaises ont largement augmenté leurs investissements dans l’industrie du tabac :
• Le Crédit Agricole possède à présent plus d’1 milliard de dollars d’actifs, principalement en actions (+ 587 % depuis novembre 2023) ;
• BNP Paribas a multiplié ses prises de participation par 6 en 1 an et demi pour un montant atteignant 597 millions de dollars en 2025 ;
• La Société Générale détient désormais 437 millions de dollars d’actions de cigarettiers, alors qu’elle n’en possédait quasiment pas en novembre 2023 ;
• Le Groupe BPCE détient aujourd’hui 430 millions de dollars de titres majoritairement en actions (+ 41 % depuis novembre 2023).