
4 novembre 2025
Au cours d’une conférence presse, le député Nicolas Thierry et l’ACT-Alliance contre le tabac ont présenté une proposition de loi historique visant à atteindre l’objectif gouvernemental d’une génération sans tabac à l’horizon 2032. Le principe de la mesure est simple : interdire aux cigarettiers de vendre du tabac à toutes les personnes nées après 2014. Soutenue aujourd’hui par les trois quarts des Français, cette proposition, cosignée par plus de 20 députés allant du groupe LFI au groupe Horizons, est non seulement nécessaire pour la santé de nos concitoyens, mais aussi pour celle de notre économie, de notre système de santé et de notre environnement.
Chaque année 200 000 jeunes rentrent dans le tabagisme, il est donc urgent d’adopter une mesure ambitieuse pour mettre fin à cette épidémie qui reste la première cause de mortalité évitable en France avec 75 000 décès par an.
La mesure d’une génération sans tabac vient accélérer une tendance déjà observable. D’après les derniers résultats de l’enquête européenne ESPAD publiée par l’OFDT, le tabagisme quotidien chez les jeunes âgés de 16 ans s’élève à seulement 3,1 % en 2024 contre 16 % en 2015. À noter que les jeunes eux-mêmes soutiennent une telle proposition de loi : 9 adolescents français sur 10 souhaitent vivre dans un monde sans tabac. La France fait désormais partie des rares pays européens où le tabagisme quotidien des adolescents est inférieur à 5 %, et ce résultat n’est pas le fruit du hasard, mais bien d’un effort considérable en matière de prévention au cours des dix dernières années.
La proposition de loi - présentée ce jour et défendue par l’ACT depuis 2022 - repose sur un mécanisme évolutif : à partir de 2032, l’âge légal d’achat du tabac augmenterait chaque année. À cette date, les cigarettiers ne pourront plus vendre leurs produits aux moins de 18 ans, puis aux moins de 19 ans en 2033, aux moins de 20 ans en 2034, etc. Ainsi, il sera impossible de vendre légalement du tabac à toutes les personnes nées après 2014, même une fois que celles-ci seront majeures. Cette mesure s’applique à l’ensemble des produits du tabac, y compris le nouveau cheval de bataille des cigarettiers, le tabac chauffé, dans lequel Philip Morris International a déjà investi plus de 10 milliards de dollars depuis 2008.
Loin d’être prohibitive, cette proposition de loi ne concerne pas les fumeurs actuels (qui pourront continuer à acheter leurs produits) mais vise à stopper le renouvellement générationnel de la clientèle de l’industrie du tabac. Si cette initiative a pour objectif de protéger les jeunes et les générations futures du tabagisme, elle suppose également de renforcer toutes les mesures favorables à l’arrêt du tabac pour les personnes déjà victimes de cette addiction.
« En adoptant cette mesure, on préserve non seulement nos enfants et les générations futures d’un produit qui tue un consommateur sur deux mais on s’engage aussi pour l’émergence d’une société libérée du tabac. Bannir progressivement ces produits de notre territoire est une bonne chose pour tous nos concitoyens – qui pourront respirer un air plus sain - mais aussi pour notre économie, notre système de santé ou encore notre environnement qui subissent aujourd’hui les méfaits de cette industrie. », explique Marion Catellin, directrice de l’ACT-Alliance contre le tabac. « N’oublions pas que le business model des cigarettiers repose sur l’initiation précoce des consommateurs à la nicotine : 90 % des fumeurs ont commencé avant l’âge de 18 ans. Si le dépôt de cette proposition de loi constitue une grande victoire pour notre association, il faut rester combatif envers cette industrie qui ne cesse de se réinventer à travers de nouveaux produits à base de nicotine afin d’entretenir ses profits issus de l’addiction ».