Le 2 juillet 2025
Alors que les cigarettiers cherchent à contrer l’interdiction des sachets de nicotine, l’ACT—Alliance contre le tabac, aux côtés de neuf ONG européennes d’intérêt général, dénonce l’instrumentalisation de certains États de l’UE par les cigarettiers. Dans une tribune publiée ce jour dans Le Monde, les différentes associations appellent les États membres à faire passer la santé publique avant les intérêts financiers.
Arrivés récemment sur le marché, les pouches ou sachets de nicotine, sont des produits hautement addictifs commercialisés par l’industrie du tabac – notamment auprès des jeunes – pour renouveler leurs consommateurs et s’assurer d’une clientèle fidèle et de long-terme. C’est pourquoi en février dernier, la France a notifié à la Commission européenne son intention d’interdire les produits nicotiniques oraux, dont les sachets de nicotine. Cependant, la réponse de l'UE a été retardée, entravée par un lobbying intense de l’industrie du tabac et par des pressions politiques exercées par des États membres entretenant de forts liens financiers avec les cigarettiers.
Des pays comme l’Italie, la Grèce, la Roumanie et la République tchèque, qui ont tous bénéficié d’investissements importants de Philip Morris International, British American Tobacco et Japan Tobacco International, ont formellement contesté l’interdiction proposée par la France. À titre d’exemple, Philip Morris International a investi 1 milliard d’euros dans une nouvelle usine à Bologne (Italie), British American Tobacco a consacré 500 millions d’euros en 2023 à un « centre d’innovation » à Trieste, et depuis 2017, Philip Morris a investi près de 700 millions d’euros dans une usine de nouveaux produits en Grèce. Des stratégies de lobbying similaires ont été employées lorsque l’Espagne, le Danemark et la Belgique ont introduit des réglementations nationales.
À travers l’Europe, les fabricants de tabac et de nicotine ciblent agressivement les jeunes, y compris les mineurs, en employant des stratégies marketing qui imitent les campagnes de santé publique. Les sachets de nicotine y sont présentés comme des outils de sevrage tabagique, alors même qu’ils représentent avant tout une source essentielle de profits pour l’industrie.
La société civile appelle à une action immédiate : les États membres doivent résister à la pression de l’industrie du tabac et adopter des interdictions nationales fortes sur les sachets de nicotine. En parallèle, la Commission européenne doit réviser en urgence des directives tabac obsolètes, afin de combler les vides juridiques et garantir que la politique européenne serve l’intérêt public, et non les intérêts de l’industrie.