27 mai 2025
Si l’OMS profite de la Journée mondiale sans tabac pour révéler les tactiques de séduction des cigarettiers à destination des jeunes, l’ACT-Alliance contre le tabac fait appel au courage politique pour enrayer ce commerce mortifère à sa source. Alors que le Royaume-Uni s’apprête à voter définitivement un projet de loi interdisant à l’industrie du tabac de vendre ses produits aux jeunes nés après 2009, l’association organise un colloque à l’Assemblée nationale pour mettre ce sujet à l’agenda politique.
Dans le cadre de cet évènement coorganisé avec le député M. Nicolas Thierry, l’ACT présente une proposition de loi ambitieuse pour atteindre une génération sans tabac d’ici 2032. Soutenue par 7 Français sur 10, cette mesure est à la fois nécessaire pour la santé publique et la protection de l’environnement.
Alors que 200 000 jeunes rentrent dans le tabagisme chaque année, il est urgent d’adopter une mesure ambitieuse pour mettre fin à cette épidémie qui reste la première cause de mortalité évitable en France (75 000 décès chaque année).
Défendue depuis 2022, la proposition de loi présentée par l’ACT repose sur un mécanisme évolutif : à partir de 2032, l’âge légal d’achat du tabac augmenterait chaque année. À cette date, les cigarettiers ne pourront plus vendre leurs produits aux moins de 18 ans (comme actuellement), puis aux moins de 19 ans en 2033, aux moins de 20 ans en 2034, etc. Ainsi, il sera impossible de vendre légalement du tabac à toutes les personnes nées après 2014, même une fois que celles-ci seront majeures.
Nullement prohibitive, cette mesure ne concerne pas les fumeurs actuels (qui pourront continuer à acheter leurs produits) mais elle vise à stopper le renouvellement générationnel de la clientèle de l’industrie du tabac. Responsable de la mort prématurée d’un fumeur sur deux, leur modèle économique repose sur l’initiation précoce : 90 % des fumeurs commencent avant l’âge de 18 ans.
La proposition de loi de l’ACT s’applique à l’ensemble des produits du tabac, y compris le nouveau cheval de bataille des cigarettiers, le tabac chauffé, dans lequel Philip Morris International a déjà investi plus de 10 milliards de dollars depuis 2008.
Cette prise de position s’inscrit dans une dynamique cohérente avec d’autres politiques de santé publique et de protection environnementale, comme l’encadrement des PFAS ou du glyphosate. Le tabac, compte tenu de son impact massif sur la santé et sur l’environnement, doit désormais être traité comme ce qu’il est : un produit toxique, à bannir du marché pour protéger les générations futures.
Comprendre la mesure en moins de 2 minutes :
La mesure d’une génération sans tabac vient entériner une tendance déjà observable. D’après les derniers chiffres de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), la consommation du tabac chez les jeunes est en nette baisse (15 % de fumeurs quotidiens, soit -10 points en 5 ans). Cette mesure viendrait donc à accélérer cette tendance. À noter que les jeunes eux-mêmes soutiennent une telle proposition de loi : 9 adolescents français sur 10 souhaitent vivre dans un monde sans tabac.
Partout dans le monde, des pays s’engagent dans cette voie. D’abord discutée en Nouvelle-Zélande et dans certains États des États-Unis, la génération sans tabac devrait devenir concrète prochainement au Royaume-Uni puisque le pays devrait adopter cette loi d’ici décembre 2025.
Pour que le monde politique français s’empare de ce sujet, l’ACT coorganise avec le député Nicolas Thierry un colloque à l’Assemblée nationale le 27 mai, réunissant décideurs publics, professionnels de santé et acteurs de la société civile autour de l’adoption possible d’une génération sans tabac en France.
« Au regard des dégâts qu’il cause sur la santé publique et l’environnement, le tabac n’a plus sa place dans notre société. Les cigarettiers eux-mêmes en ont conscience puisqu’ils anticipent déjà cette mesure en inondant le marché de nouveaux produits : cigarettes électroniques, sachets ou billes de nicotine… », déclare Loïc Josseran, président de l’ACT-Alliance contre le tabac « Souvent aromatisés et très accessibles, ces produits ciblent directement les plus jeunes pour entretenir leur dépendance à la nicotine. S’il est nécessaire que le gouvernement s’empare de notre proposition de loi pour mettre fin au tabac, il faut déjà anticiper les mutations des industriels. Nous soutenons pleinement l’intention du gouvernement d’interdire les produits nicotiniques à usage oral (hors dispositifs de sevrage) et plaidons pour une adoption rapide ! » .