6 février 2025
Alors que les Puffs et les sachets de nicotine devraient bientôt être interdits, l’industrie du tabac et ses alliés poursuivent activement leurs stratégies de lobbying pour maintenir leur marché. Campagnes de désinformation, sites Internet promotionnels, courriels aux parlementaires, etc. ils usent des différentes stratégies pour freiner les politiques de santé publique ; faisant primer leurs enjeux économiques sur l’intérêt général.
Malgré les nombreuses ressources déployées de la part des cigarettiers, ces stratégies de manipulations ne sont pas connues du grand public. D’après les résultats de la dixième édition des indicateurs de l’ACT-Alliance contre le tabac, réalisée en collaboration avec l’institut BVA, 67 % des Français se disent mal informés sur les pratiques d’influence de l’industrie du tabac. Une méconnaissance qui n’empêche pas l’opinion publique de se durcir vis-à-vis de cette industrie et de ses produits : plus de la moitié des Français souhaite voir augmenter le nombre de mesures de lutte contre le tabac et 70 % d’entre eux se disent favorables à l’arrêt progressif de la vente du tabac aux prochaines générations.
Alors que le nombre de fumeurs quotidiens en France n’a jamais été aussi bas (désormais à 23,1 %), l’industrie du tabac multiplie ses efforts pour préserver ses profits en promouvant des nouveaux produits de la nicotine, tels que les cigarettes électroniques, les Puffs ou les sachets de nicotine.
Un exemple récent illustre bien l’agressivité des cigarettiers : l’immense bâche publicitaire illégale déployée par British American Tobacco sur l’église Notre-Dame de Lorette à Paris, dont le coût a été estimé à plus de 300 000 € HT. L’ACT s’est empressée de contacter la Ville de Paris pour retirer cet affichage au plus vite (et a obtenu gain de cause). Parallèlement, l’association a aussi détourné l’image de cette bâche pour sensibiliser l’opinion publique aux stratégies déployées par l’industrie.
Car le grand public n’est pas au fait des pratiques de lobbying de l’industrie du tabac : 67 % des Français déclarent ne pas être bien informés sur les méthodes d’influence utilisées par cette industrie, ce qui les rend plus vulnérables à ces stratégies de séduction.
Cela explique par exemple pourquoi les produits du vapotage bénéficient d’une meilleure image dans l’imaginaire collectif : 63 % des personnes interrogées estiment qu'il est plus « sympa » d’utiliser une cigarette électronique plutôt qu'une cigarette traditionnelle. Un chiffre qui s’élève à 73 % chez les moins de 25 ans.
Notons en revanche que 78 % des Français ont une opinion négative sur la consommation des produits du tabac et 90 % d’entre eux considèrent les sachets de nicotine comme des produits dangereux pour la santé.
Au-delà du simple impact sanitaire, les Français ont conscience des dégâts sociétaux engendrés par les cigarettiers : près des 3/4 des Français (73 %) estiment que l’industrie du tabac va à l’encontre des droits humains en vendant des produits qui créent une dépendance.
Ravages qui poussent l’opinion publique à réclamer une politique plus stricte à l’égard des cigarettiers :
• La moitié des Français (49 % ; +7pts en 4 ans) se proclame en faveur d’un renforcement des mesures de lutte contre le tabac (multiplication des espaces sans tabac, paquet neutre, hausse de la fiscalité, etc.). Par ailleurs, de plus en plus de Français (52 % ; + 6 pts en 1 an) jugent l’augmentation du prix du paquet de cigarettes comme un moyen efficace de réduire la consommation de tabac ; rejoignant ainsi les recommandations de l’OMS qui présente la hausse de la fiscalité comme le levier le plus efficace pour faire avancer la lutte contre le tabagisme.
• En parallèle, 7 Français sur 10 se disent favorables à l’idée d’une « génération sans tabac », en interdisant progressivement la vente de ces produits aux plus jeunes. Une mesure qui obtient une adhésion encore plus importante chez les 15-24 ans (79 %).