L’Assemblée nationale discutera demain en séance publique du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour l’année 2023. Comme chaque année, ce texte est l’occasion de franchir un nouveau cap dans la lutte contre le tabagisme en adoptant un ensemble de mesures, principalement d’ordre fiscal. Si le texte présenté demain aux députés répond à certaines demandes formulées par l’ACT- Alliance contre le tabac, d’autres dispositions sont encore nécessaires afin d’atteindre l’objectif du président de la République d’une « génération sans tabac » en l’horizon 2032.
En tant que Président de l’ACT-Alliance contre le tabac, acteur phare de la lutte contre le tabagisme réunissant 24 associations engagées pour la cause, il est de mon devoir de rappeler les mesures essentielles que nous préconisons d’adopter pour que ce nouveau quinquennat prenne définitivement le virage d’un monde plus durable, libéré de l’industrie du tabac.
Par ailleurs, la fiscalité sur les produits du tabac est non seulement un dispositif de santé publique mais aussi un outil de gain de pouvoir d’achat des ménages. Outre le fait que le coût social du tabac est estimé à plus de 120 milliards d’euros, le tabagisme est un des principaux marqueurs d’inégalités sociales, cette addiction pouvant accaparer jusqu’à 30 % des ressources d’un ménage vivant sous le seuil de pauvreté. Provoquer la hausse des prix du tabac, ce n’est en aucun cas pénaliser les personnes victimes d’un produit hautement addictif mais bien les inciter à l’arrêt du tabac en récupérant, pour certains, jusqu’à plusieurs centaines d’euros par mois. D’autant plus que le coût de l’arrêt du tabac est désormais complétement pris en charge par l’Assurance Maladie.
Pour contrer toute augmentation de prix, l’industrie du tabac ne manquera pas de développer un argumentaire sur les dangers de cette mesure (augmentation du marché noir, des achats transfrontaliers…). Elle nous expliquera ensuite que cela représente des millions de fumeurs « cachés » en France. Rien n’est plus faux ! En France, seules les données de Santé Publique France sur la prévalence du tabagisme font foi. Se déclarer fumeur lors de ses enquêtes du « Baromètre Santé » ne dépend ni de l’endroit ni de la façon dont on se procure des cigarettes. Autrement dit, un fumeur ne se déclare pas non-fumeur sous prétexte qu’il achète ses cigarettes au Luxembourg. L’épidémiologie du tabac est fondée sur une démarche scientifique de Santé Publique France et non commerciale de l’industrie du tabac !